Ces dernières années, nous avons pu observer l’émergence de nouvelles formes de diplomatie, avec des populations locales jouant un rôle de premier plan et un nouvel engagement à parler à des groupes d’abord considérés comme « inacceptables ». Le « Printemps arabe » a permis de prendre de nouveau conscience du potentiel des stratégies non violentes et de la puissance du peuple. Notre champ croissant de pacification favorise ces changements, ce qui montre une réelle détermination et innovation.
L’approche de Conciliation Resources face aux changements dans des systèmes de conflits extrêmement complexes repose sur une solide compréhension des contextes changeants, enrichie par les informations émanant des populations locales. Nous devons entretenir les bonnes relations avec les partenaires dont nous avons gagné la confiance et lorsque nous nous entretenons avec les parties au conflit.
Andy Carl, directeur général de Conciliation Resources
Afin de maximiser notre influence, nous devons rester concentrés sur les lignes de faille et les points de tension importants, en contribuant à la création de liens avec ceux dans les zones de conflit et avec ceux qui ont le pouvoir de décision.
Pacification transfrontalière
Nous avons fini par comprendre que nous travaillions sur des systèmes de conflit qui font fi, le plus souvent, des frontières géographiques. Avec nos partenaires locaux, nous trouvons des moyens inventifs de passer outre les frontières. Nous faisons aussi notre possible pour inciter nos collègues donateurs et gouvernementaux à adapter leur bureaucratie à ces réalités.
Nous avons toujours joué un rôle de soutien à la médiation, grâce à des ressources telles que notre revue Accord. Celle-ci a été conçue pour être une source d’informations pratique et facile d'accès, essentielle pour tous ceux qui s’investissent dans un processus de paix.
Ces deux dernières années, nous avons exploité de manière plus active la possibilité de soutenir les processus de médiation officiels. Notre rôle dans le soutien de la médiation malaisienne aux Philippines entre le gouvernement et le Front de libération islamique des Moro illustre bien cette tendance à de nouvelles relations entre les gouvernements et les groupes non gouvernementaux, qui travaillent ensemble pour soutenir les processus de paix.
Apprendre de la perspicacité des populations locales
Tous les conflits sont locaux. Nous continuons donc de coopérer avec des partenaires qui font face à des défis qui leur sont propres. Pour la majorité des intervenants internationaux, les relations avec les militants et les médiateurs locaux ainsi que la mise en place d'une meilleure compréhension locale font défaut.
Les conflits dans le monde posent d’énormes problèmes aux gouvernements et aux organismes multilatéraux. Ces derniers ignorent comment soutenir des processus de changement gérés et menés localement. La plupart des gouvernements peinent déjà à consulter leurs propres citoyens, encore moins ceux qui sont actifs dans d'autres pays. Ce qui n’est pas sans me rappeler les propos de ce fonctionnaire :
Nous sommes comme un géant tenant une fleur délicate. On ne peut guère y toucher sans l'écraser.
Les ONG internationales ont longtemps joué un rôle essentiel dans l’établissement de ces relations, et ce rôle se trouve au cœur du travail de Conciliation Resources.
Notre étude de 2010 et 2011 décrit la manière dont nous avons aidé à défendre l'idée que les gouvernements doivent apprendre à mieux écouter les voix locales. Cela implique de faire de la diplomatie différemment. Il ne s’agit plus d’écouter uniquement les ambassades, les services de sécurité, les hommes d'affaires et les journalistes, mais également les communautés elles-mêmes.
Notre approche de la pacification ne choisit pas non plus la solution la plus facile. Le plus souvent, aux côtés de partenaires locaux, nous suivons des stratégies difficiles, parfois dangereuses, et souvent impopulaires. La plus ardue reste assurément de prôner la primauté de l'engagement et du dialogue.
Persévérer pour créer une paix juste et durable
Le fait de travailler à contre-courant d’une opinion générale en faveur d’actions militaires représente une partie importante de ce que signifie la prévention des conflits dans la pratique. Dans ce contexte, la seule façon de faire la différence consiste à suivre des stratégies permettant d’atténuer un conflit, qui risque d’empirer autrement, et à impulser des idées et des discussions aboutissant à des solutions politiques.
Quelle est la mesure de notre succès ? Une évaluation parrainée par les donateurs de notre dernière décennie d’activités prouve l’importance de notre rôle dans la création d'un environnement propice à un travail, que les partenaires n'auraient pu effectuer autrement, ainsi que dans l’amélioration et la protection de la vie de populations.
Nous travaillons dans de nombreux contextes où les conflits semblent insolubles, où il n'existe aucun processus de paix et où les perspectives limitées de règlements politiques font l’objet de négociations autour d’une table réunissant les gouvernements et leurs opposants.
Pourtant, nous continuons d’y croire. Nos partenaires s'appuient sur leur propre compréhension et leurs idées pour définir de nouvelles voies vers la paix – celles des citoyens –. Cela favorise l’apparition de processus participatifs de changement, qui s’avèrent bien plus utiles que des négociations élitistes et exclusives.
Andy Carl
Grâce à la confiance de nos partenaires/donateurs internationaux qui continuent à nous soutenir en ces temps austères, nous sommes heureux de partager avec vous quelques uns des faits saillants de nos deux dernières années de travail.
Vous voulez en savoir plus ?
Lire Alternative paths to peace : Our work in review 2010-2011 (en anglais)