L'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) se développe en instaurant la terreur au sein des populations de la République centrafricaine (RCA), de la République démocratique du Congo (RDC) et du Sud-Soudan. La LRA attaque les civils et maintient ses rangs grâce aux enlèvements et au pillage.
 
Grâce à cette tactique bien rodée, plus de cinquante dirigeants de la société civile issus de la région touchée insistent sur le fait que l’un des moyens les plus efficaces d’endiguer la puissance de la LRA est d'améliorer les infrastructures et la prestation des services de base au niveau local. Et ce afin de protéger les communautés vulnérables qui sont autrement visées.
 

C’est l'une des principales conclusions avancées, lors de l’atelier du Groupe de travail régional de la société civile qui s’est tenu récemment, sur la façon dont les gouvernements, au niveau national et régional, peuvent faire face au conflit de la LRA en utilisant des moyens efficaces et non violents.

 

Le soutien de J. Kony vient de quelque part. On se penche aujourd’hui sur les symptômes mais pas sur les causes profondes comme l’exposition des populations et la faiblesse des infrastructures.

Santa Okot, militante féministe et membre du parlement de l’Ouganda

 

Début septembre, les responsables de la société civile provenant des régions touchées par la LRA se sont réunis en République centrafricaine. Ils ont souligné la nécessité d'une approche globale et axée sur les résultats pour résoudre le conflit de la LRA. Ils ont également présenté les recommandations suivantes au Premier ministre de la République centrafricaine, aux membres de son gouvernement, au représentant spécial de l'Union africaine, au représentant de l'Union africaine et aux ambassadeurs :
 
  • Tendre la main à la LRA - Plus de possibilités doivent être données aux personnes enlevées, aux combattants de base et aux commandants de niveau intermédiaire de se retirer des rangs de la LRA et de se réinsérer dans leurs communautés d'origine. Les centres d'accueil communautaires dans le nord de l'Ouganda sont fonctionnels, mais ils font défaut en RCA, en RDC et au Sud-Soudan. Un accord régional pour la mise en place de cadres juridiques protégeant les personnes rentrées chez elles, des programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), ainsi que des lois d'amnistie dans tous les pays touchés encourageront les retours et amoindriront la capacité de la LRA. Les gouvernements nationaux doivent soutenir la mise en œuvre de ces mesures.
  • Protéger les civils - La LRA enlève ses victimes là où elles sont le plus vulnérables : dans les zones périphériques dotées de peu d'infrastructures et de quelques services de base. La protection des civils eux-mêmes est un moyen efficace d’affaiblir la LRA en amputant son approvisionnement en ressources humaines et ses denrées essentielles comme la nourriture et les vêtements. En revanche, les attaques militaires offensives contre la LRA favorisent les pertes civiles suite aux représailles. Pour que ces attaques soient efficaces, il faudrait un plus grand nombre de troupes sur le terrain que ce qui est faisable. De toute évidence, tant sur le plan militaire et humanitaire, la protection des civils doit être au cœur de toutes les actions.
  • Favoriser la reprise économique et sociale - Le conflit de la LRA a accentué la pauvreté des populations vulnérables. Afin de réduire leur vulnérabilité face au conflit et aux crises, elles ont besoin de services de base tels que la santé, l'éducation, les moyens de communication et les infrastructures de transport, ainsi que des moyens de subsistance. Des dividendes visibles de la paix liant les populations de la région entre elles doivent être mis en place. Un soutien aux efforts de dialogue et de réconciliation peut contribuer à consolider une paix durable.

 

Les commentaires des ministres [du gouvernement de la République centrafricaine] ont été très encourageants. Ces derniers ont salué notre travail et se sont également dits prêts à ‘collaborer avec nous’. Cela nous donne maintenant une chance de voir la mise en œuvre de ces mesures... Celle-ci est essentielle et nous attendons ce moment avec impatience.

Mgr John Baptist Odama, Gulu, Ouganda

Résoudre un conflit au niveau national et régional de manière pratique

Le Groupe de travail régional transfrontalier de la société civile, composé de chefs religieux, culturels et d’ONG de quatre pays voisins, s’est réuni à Bangui, en République centrafricaine, afin de partager ses expériences et discuter des stratégies pour faire face au conflit.

 
Cette rencontre a été organisée par l'organisation locale JUPEDEC et facilitée par Conciliation Resources. Au bout de deux jours de discussions, les acteurs ont convenu d'un plan d'action conjoint à présenter à leurs communautés. Ce plan inclut :
 
  • le renforcement de la programmation radio afin de toucher la LRA dans la brousse via des messages bien choisis
  • le travail au niveau des communautés pour accroître la compréhension et la sensibilité face aux anciens membres de la LRA
  • le plaidoyer au niveau local, national et régional, pour favoriser la compréhension, la coopération et l'action politique
 
Bien qu’affaiblie ces derniers mois, la LRA montre qu’elle est encore capable d’atrocités, incluant des enlèvements, des meurtres et des viols. Selon plusieurs estimations de la société civile et de l'ONU, le nombre de personnes déplacées s’élève actuellement à plus de 440 000. Nous appelons la communauté internationale à soutenir le rôle de maintien de la paix de la société civile et à garder un espace pour des solutions non violentes menées localement pour lutter contre le conflit de la LRA.

 

Pour favoriser un développement social pacifique nous devons guérir les blessures. En effet, il existe de nombreux conflits personnels dans la communauté de l’État de l'Équatoria-Occidental en raison d’années de violence.

Père Mark Kumbonyaki, Sud-Soudan