Les résultats de nouveaux travaux de recherche publiés cette semaine expliquent comment les leaders locaux en Afrique orientale et centrale et la communauté internationale peuvent mieux protéger les civils de l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA), la guérilla de Joseph Kony, et réintégrer ses anciens membres dans leurs communautés respectives.
Deux rapports publiés simultanément examinent les racines de ces problèmes interconnectés et suggèrent des manières d’aller de l’avant.
Dépossédés : le sort des civils dans les zones de la République démocratique du Congo touchées par la présence de la l’Armée de résistance du Seigneur examine les menaces chroniques qui pèsent sur la sécurité dans le nord-est de la RDC, y compris la LRA et les bergers armés.
« Nous l'aimons tant... que peut-on faire? » : appuyer la réintégration des rescapés de la LRA de retour en RDC et au Soudan du Sud propose de nouvelles données sur la situation à laquelle sont confrontés ceux qui échappent au groupe de Kony et les communautés qui les accueillent. Il explique pourquoi certaines communautés refusent d’accueillir les rescapés et fait des suggestions sur la manière dont les acteurs locaux et externes peuvent atténuer les tensions et soutenir le processus de réintégration.
La LRA continue de menacer les vies et les moyens de subsistance de milliers de civils dans les zones frontalières de la RDC, du Soudan du Sud et de la République centrafricaine, où l’absence chronique d’instances publiques contribue à la perpétuation de la violence.
La nature imprévisible des attaques de la LRA et l’inefficacité des forces de sécurité de l’Etat laissent les populations locales dans un état constant de peur et les empêchent de se consacrer à leurs moyens de survie traditionnels : l’agriculture, la chasse et le commerce.
Certains rescapés ont du mal à s’adapter à la vie normale. Comme l’a expliqué un garçon de 17 ans :
Chaque fois que j’entends un bruit fort ou quelqu’un crier, je me sens contraint de tuer quelqu’un. Ils [les commandants de la LRA] nous ont formés pour cela. Ils nous faisaient une entaille au-dessus des sourcils pour y appliquer leurs médicaments traditionnels afin de nous rendre forts et de nous pousser à tuer sans réfléchir.
Les problèmes de santé mentale, causés par des traumatismes graves, font qu’il est encore plus difficile pour les communautés de vivre aux côtés de parents ou de voisins que la LRA a enlevés et contraints à tuer.
Fondés sur des recherches approfondies sur le terrain et sur les voix des communautés directement touchées par le conflit, les rapports suggèrent que ceux qui cherchent à établir une paix durable dans les zones touchées par la LRA devraient se consacrer aux quatre priorités suivantes :
· Une approche complète de la protection des civils qui réduise les menaces immédiates pour la sécurité et garantisse aux civils la liberté de mouvement dont ils ont besoin pour se consacrer à des moyens de subsistance durables.
· Un leadership local robuste et collaboratif dans le cadre duquel les autorités publiques collaborent avec les leaders traditionnels et religieux et les groupes de la société civile.
· Des initiatives de réintégration basées au sein des communautés et spécifiques à chaque culture à travers lesquelles les communautés d’accueil et les rescapés puissent reconstruire la confiance.
· L’engagement à long terme de toutes les parties prenantes à fournir un soutien holistique afin que, à travers l’éducation et l’emploi, les rescapés puissent jouer des rôles actifs et variés au sein de leurs communautés.
Ce projet de recherche à deux volets a été commandé par Conciliation Resources (1)et mené à bien grâce au concours financier de l’UNICEF et de l’ambassade norvégienne à Kampala. Les conclusions des deux rapports sont résumées dans la note d’orientation : Rentrer et vivre en sécurité: protéger les civils et soutenir la réintégration dans les communautés touchées par la LRA.
Conciliation Resources est d’avis qu’une solution non violente et une paix juste et durable sont possibles. Cependant, pour y parvenir, les gouvernements doivent s’attaquer aux racines du conflit et faire intervenir ceux qui sont directement touchés par ce conflit.
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